Linda Morin

Linda Morin Il y a bientôt 4 ans, j'ai eu un accident qui m'a amenée à faire tout un changement dans ma vie. J’étais préposée aux bénéficiaires depuis 10 ans déjà. J'aimais mon métier, mon milieu de travail, mon horaire et l'ambiance de travail en général. J’avais fait le choix de retourner aux études après plusieurs années à la maison, donc ce choix de carrière était très réfléchi.

L’accident vient tout changer. Des opérations, suivies de convalescence et physiothérapie pendant quatorze mois, à raison de cinq jours par semaine. C'est comme un horaire de travail sans en être un, mais tout ce temps je vois du monde. Le jour où ça s'arrête, je me retrouve seule à la maison avec moi-même. Je suis toujours en train de m'apitoyer sur mon sort, je n'ai que ça à faire... Je ne suis toujours pas capable de travailler parce que je n'ai plus de force et Dieu sait que ça en prend pour être préposée aux bénéficiaires, mais je dois quand même retourner au travail. Je fais un retour aux travaux légers, très légers, mais ce n'est pas ce que je veux faire.

Un jour je me décide et j'appelle le SSMO L’Élan pour voir les possibilités qui s'offrent à moi. On me parle du programme « En Marche ». Je me dis que je n'ai rien à perdre et que de toute façon je verrai du monde, alors je me lance. À la première rencontre, je dois l'avouer, je ne suis pas très réceptive, car je me dis que c'est juste en attendant de reprendre mon travail.

Au fil des rencontres, j'apprends à me connaître, à reconnaître mes forces et mes qualités « non-exploitées » et mes défauts. Moi qui croyais me connaître au plus profond de moi-même, voilà que je me surprends. Quand vient le temps de choisir un endroit de stage, je suis dans le néant. Tous les jours en arrivant au local, je regarde les offres d'emploi qui sont affichées au mur et je me dis que tout cela n'est pas pour moi. Les offres demandent trop de compétences, trop de connaissances et d'autres sont trop exigeantes physiquement. Toutes les excuses possibles pour ne pas voir ce que j'aurais dû vois si je m'étais fait confiance. Pour avancer, j'ai besoin de vérifier si je peux encore faire ce que j'aimais. Je décide donc un soir d'appeler mon ancien employeur. Je fais l'ultime test qui confirme que c'est impossible de recommencer comme préposée. C'est à partir de ce moment que j'ai pu faire mon deuil de ce travail.

Faire un deuil, c'est aussi m'accepter avec mes limitations, c'est accepter de franchir les portes qui s'ouvrent à moi, même si elles sont bien différentes de celles auxquelles je suis habituée. C'est aussi accepter l'aide qui m'est proposée, je parle ici du programme « En Marche » et de sa formatrice Julie, qui ne nous laisse jamais tomber.

C'est à partir de ce moment que j'ai pris conscience de ces fameuses forces et qualités que l'on m'avait fait découvrir. Je suis une personne sûre de moi dans ce que je sais faire, mais l'inconnu fait toujours peur. Lorsqu'on m'a proposé de faire un stage dans un bureau, j'ai décidé d'être franche, ça passe ou ça casse… Je ne connais absolument rien au travail de bureau et à l'informatique alors pourquoi mentir, on s'en rendrait compte assez rapidement. Heureusement, quelqu'un quelque part m'a fait confiance et m'a donné ma chance. Ça été pour moi une planche de salut, un programme qui m'a aidé à me sortir de mon isolement. Je n'avais pas confiance en moi et voilà que je commence ma troisième saison au Camp Sable Chaud et ça grâce au programme « En Marche ». La direction m'a même permis de faire une formation en informatique au CEGEP.

Lorsque Julie, du SSMO L’Élan, m'a approchée pour faire un petit témoignage, je n'ai pas hésité un seul instant. Je me suis rappelée le témoignage de l'employé et de l'employeur qui avaient pris de leur temps pour venir rencontrer notre groupe et qui avaient su me redonner confiance et espoir. Suite à leurs témoignages, j'ai enfin compris qu'il est possible de travailler même avec des limitations, mais il faut d'abord les accepter. Je me suis dit que si je pouvais atteindre une seule de ces personnes qui, comme moi, a besoin d'un petit coup de pouce alors mon objectif serait atteint.

C'est ma façon à moi de donner au suivant.

Merci au SSMO L’Élan et au Camp Sable Chaud.

Témoignages d’employeurs

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